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K-Hot** et la danse orientale
13 juillet 2010

Interview de Yaël dans Infos Danse

1° Quelles sont tes origines ? I.D

Y.Z
Je suis juive, née en France et de nationalité française, mais mes parents et grands-parents sont originaires du Maroc, de Tunisie, d’Algérie, de Pologne, de France (Paris et Alsace). Un mélange détonant…et aussi un héritage culturel très riche !

2° Peux-tu raconter tes débuts dans la danse (à quel âge as-tu commencé à danser ? Dans quelles disciplines ? Quels ont été tes professeurs ?) I.D

Y.Z
Très jeune, j’étais plutôt un garçon manqué ! J’aimais les sports tels que le tennis, le handball, la boxe, le football… J’ai aussi essayé plusieurs danses dans lesquelles je n’ai jamais été à l’aise, notamment le modern-jazz, où je me sentais toujours déplacée à cause de mes rondeurs.
J’avais 14 ans quand mon ancienne baby-sitter m’a invitée au gala de fin d’année de son cours de danse orientale. J’ai été éblouie et conquise ! Et je me suis dit : « Si une Normande peut danser comme ça, pourquoi pas moi ? ». Je me suis donc inscrite à un cours de danse orientale de ma ville à la rentrée suivante. Mon premier professeur a été Lolie. Moi qui pensais que ce serait facile en raison de mes origines orientales, je suis tombée de très haut ! J’ai compris alors la technicité, la rigueur et la grâce que nécessitait la danse orientale.
Après Lolie, puis Meriem, j’ai découvert Pascale Morgiana, dont j’ai suivi les cours, et j’ai commencé à m’épanouir vraiment. Enfin, j’ai fait une rencontre qui a complètement changé ma danse :
Mayodi.
Parmi les professeurs étrangers dont je suis régulièrement les enseignements, il y a notamment
Yousry Sharif, mais aussi Orit Maftsir, Raqia Hassan, Tito Seif

3° Quant as-tu su que la danse serait ta vie et que tu voulais en faire ton métier ? I.D

Y.Z
C’est après avoir obtenu un BTS en Economie sociale et familiale, dont les débouchés ne me plaisaient plus, que j’ai eu envie de « tenter ma chance ».
Ma mère m’a donné un an pour « faire mes preuves » et la convaincre que je pouvais faire de ma passion un vrai métier. Le bilan a été plutôt positif, et à la fin de cette année-là, je n’avais plus aucun doute sur mon avenir : je voulais vivre de la danse orientale, à laquelle je pensais 7 jours sur 7.

4° A partir de ce moment-là, comment t’y es-tu prise pour y arriver ? I.D

Y.Z
Je me suis énormément formée ; c’était le deal avec ma mère : l’argent que je gagnais grâce à la danse devait servir intégralement à consolider ma formation pendant au minimum un an. Elle m’a dit : « Tu veux être danseuse ? OK ! Mais seulement si tu as assez de talent pour être vraiment une bonne danseuse. Tu veux être professeur de danse ? OK, mais à condition que tu apprennes aussi à enseigner, car cela ne s’improvise pas. Le talent ne suffit pas, la bonne volonté et la passion non plus : tu devras travailler dur pour être à la hauteur et pour être fière de toi-même. » J’ai donc suivi beaucoup de stages avec différents professeurs de danse orientale, mais j’ai aussi pris de très nombreux cours particuliers pour travailler des aspects que l’on n’apprend pas en stage : la pédagogie, l’enseignement aux enfants, l’arabe, la mise en scène, les rythmes de la musique orientale, etc. Aujourd’hui encore, je continue à me former, et je n’ai pas l’intention d’arrêter.

5° Y a-t-il eu des rencontres, des personnes qui t’ont influencée ou encouragée dans ton projet ? I.D

Y.Z
La première, celle à qui je dois tout, c’est ma mère. On peut trouver ça un peu fleur bleue, mais c’est vrai que c’est elle qui m’accompagne et me soutient depuis le début. Elle était très inquiète au départ, car elle avait peur que la vie d’artiste soit trop difficile ou déséquilibrée. Mais elle n’a jamais cessé de m’encourager et de m’aider tout au long de ces années. Evidemment, ça n’est pas elle qui m’a appris à danser (elle serait la première à vous dire que ce n’est vraiment pas héréditaire…), mais son soutien dans tous mes projets et l’intérêt qu’elle a toujours porté à ma passion m’ont beaucoup boostée et permis d’avancer. J’ajoute que son passé de professeur de français m’a aidée à construire ma pédagogie : comment structurer un cours, comment décomposer clairement un mouvement, comment expliquer un sentiment ou utiliser une image parlante, etc.
Ensemble, nous avons créé l’association Sultana (du nom de mon arrière-grand-mère), qui a pour but de promouvoir la danse orientale : grâce à notre travail conjoint dans cette association, nous pouvons faire connaître à Paris des danseuses de province ou de l’étranger, organiser des spectacles ou des voyages de danse au Caire, proposer des stages ou des animations dont les bénéfices sont reversés à des œuvres, etc. Nous animons également ensemble une plate-forme de discussion Internet consacrée à la danse orientale et aux femmes : le Forum
Adila.

La deuxième personne à mentionner, c’est mon professeur
Mayodi. C’est grâce à lui que j’ai compris que la danse orientale n’était pas juste une démonstration technique, mais de l’émotion. Son style et son enseignement sont uniques en France. Pour lui, la danse orientale est vraiment un partage, une transmission. Je peux dire sans hésitation qu’il a révolutionné ma danse et ma vision de la danse, et je regrette de ne pas l’avoir connu plus tôt.

Rencontrer les danseuses avec lesquelles je compose la Compagnie Es’Saada a également beaucoup compté. Le travail au sein d’un ballet est très différent de celui de soliste : il faut penser au groupe et au rendu artistique de l’ensemble au lieu d’être centré sur sa propre prestation ; on a des projets communs, on s’encourage, on laisse son ego de côté pour le bien collectif. Et comme nous sommes toutes issues de formations et de milieux différents, nous nous apportons mutuellement beaucoup. Artistiquement et humainement, c’est une expérience qui m’enrichit vraiment.

Enfin, ma dernière rencontre professionnelle marquante a été le talentueux percussionniste Amar Chaoui : son approche artistique de musicien a considérablement modifié mon écoute musicale et ma compréhension des rythmes ; par conséquent, ma danse a sensiblement évolué.

Je ne voudrais pas non plus manquer de citer des personnes qui m’ont aidée, conseillée et encouragée tout au long de ces dernières années, particulièrement Sharon (Montpellier), Farida Seidi (Saint-Etienne), Leila Hassan (Paris), Drissia Nejma (Montpellier), Morgiana (Paris),
Orit Maftsir (Israël)… Parce qu’à un moment de ma carrière elles m’ont fait confiance ou bien parce qu’elles m’ont donné LE conseil qu’il fallait au bon moment, je leur suis reconnaissante.

6° Peux-tu résumer ton parcours en tant que danseuse (représentations, spectacles, participation à des projets artistiques, télévision, événementiel…) ? I.D

Y.Z
J’ai d’abord participé à de nombreux spectacles dans le cadre de scènes ouvertes. Cela m’a beaucoup « professionnalisée » et m’a aidée à contrôler le trac qui me paralysait avant d’entrer dans la lumière des projecteurs. Peu à peu, j’ai appris à exploiter l’espace scénique et à communiquer avec le public, à canaliser et à utiliser mon émotion au lieu de me laisser submerger, à me « lâcher » comme on dit. Depuis 2009, j’ai la chance inouïe d’être invitée à enseigner et à danser à travers toute la France et à l’étranger : Suisse, Belgique, Israël, Egypte, Serbie,
Japon… J’ai encore de nombreux déplacements prévus, en Europe et ailleurs, et je m’en réjouis, car c’est très excitant d’aller à la rencontre de publics différents mais qui ont en commun la même passion.

7° Comment définirais-tu ton style ? I.D

Y.Z
Je dirais que mon style est égyptien avec des influences modernes. J’adore la musique égyptienne, et je tiens vraiment à ce que ma danse en reflète les infinies nuances. Je puise aussi mon inspiration chez différents artistes, mais je ne veux être le clone de personne. Grâce à des professeurs comme
Yousry Sharif, ma danse s’enrichit d’influences contemporaines et « jazzy » ; je ne fais pas de « fusion », mais j’emprunte parfois le vocabulaire d’autres danses et je « l’orientalise » à ma façon, pour créer un style qui m’est propre et qui me ressemble.
Par ailleurs, je prends des cours particuliers d’arabe égyptien : je travaille essentiellement sur des textes de chansons, afin de mieux comprendre les paroles que j’interprète en dansant. C’est pourquoi on dit que mon style se caractérise par son expressivité. Je cherche davantage à susciter des émotions ou à communiquer avec le public qu’à réaliser des performances techniques.

8° Aujourd’hui, comment travailles-tu ? Combien d’heures danses-tu par jour ? I.D

Y.Z
Je donne des cours de danse toute la semaine. Mes week-ends sont consacrés aux stages et aux spectacles, à Paris et ailleurs. J’ai également des répétitions régulières avec la
Compagnie Es’Saada. Le reste du temps, je me forme, je prépare mes cours et stages, mes chorégraphies, celles de mes élèves… Et je m’imprègne de musique orientale. Même en me brossant les cheveux ou en parlant au téléphone, j’esquisse des pas de danse, je m’entraîne à faire des tremblements, j’imagine des enchaînements. La danse, c’est ma vie au quotidien. Il n’y a pas la danse et le reste : pour moi, la danse est partout.

9° Quel est ton secret pour avoir de l’inspiration et créer une chorégraphie ? C’est quoi ta méthode ? I.D

Y.Z
Je n’ai pas de secret. Le plus important pour moi, c’est que la musique me touche. Quand c’est le cas, je suis comme « habitée », et les enchaînements me viennent très rapidement, presque malgré moi. Avant, je préparais avec minutie mes chorégraphies, mais une fois sur scène, toute cette préparation qui m’avait rassurée au cours des jours précédents devenait au contraire une contrainte qui me pesait. Avec l’expérience, j’ai enfin osé me débarrasser de ces figures imposées : aujourd’hui, quand je prévois une prestation artistique, je m’imprègne de la musique et des paroles, je prépare une trame chorégraphique, mais je laisse une large place à l’improvisation, qui permet un véritable échange avec le public.
Pour moi, l’idéal est bien sûr de danser avec un orchestre : du point de vue de la performance, le risque est plus grand, car on ne maîtrise rien, mais sur le plan émotionnel, c’est beaucoup plus intense, et la danse est alors tellement plus authentique et inspirée !

10° La scène, cela représente quoi pour toi ? Qu’est-ce que tu ressens quand tu danses devant un public ? Qu’est-ce que tu essaies de lui transmettre ? I.D

Y.Z
La scène, c’est l’opportunité de partager un moment privilégié avec le public. Ce peut être très festif et complice, ou au contraire très émouvant et presque douloureux. Je ne joue pas un personnage, je n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre. Quand je danse, je suis moi, mais d’une façon plus dévoilée que dans la vie de tous les jours. Le costume et le maquillage me permettent d’oser davantage, mais je ne surjoue pas et je ne travestis pas : je danse ce que je suis, avec ma sensibilité, ma joie de vivre et aussi mes blessures. Je sens le public, je sens s’il est réceptif, j’ai besoin de lui et de ce qu’il me renvoie quand je lui raconte une histoire dansée…

11° Où te produis-tu ? Où enseignes-tu ? I.D

Y.Z
Je suis professeur de danse orientale en Ile-de-France (Paris et 92). Comme je l’ai déjà dit, je donne également des stages et des spectacles en province et à l’étranger. J’ai été très honorée que
Raqia Hassan me demande d’enseigner au festival du Caire (« Ahlan wa sahlan »). J’ai également « élargi » mon public d’élèves en enseignant les bases de la danse orientale dans un DVD d’initiation (Collection « Dansez »).

12° Vas-tu voir des spectacles et t’informes-tu sur le monde de la danse ? I.D

Y.Z
Avant d’être un métier, la danse orientale est pour moi une passion. J’aime donc rencontrer d’autres passionnées, lire, voir des vidéos et des spectacles... J’ai également soif d’apprendre, et je ne me lasse pas d’écouter les gens qui ont une connaissance approfondie de la culture égyptienne. En 2008, j’ai créé le Forum
Adila, une plate-forme de discussion Internet sur laquelle on peut rencontrer d’autres passionnées et trouver une foultitude d’informations sur notre art et tout ce qui l’entoure.

13° Quels sont tes artistes préférés ? I.D

Y.Z
Je suis une fan inconditionnelle de la danseuse égyptienne
Dina. Je l’ai vue de nombreuses fois sur scène, mais c’est toujours un moment de bonheur unique. Je suis également admirative de la danseuse Randa Kamel, qui est pour moi un modèle de précision et de travail. L’une et l’autre sont capables de me captiver de la première à la dernière seconde de leur danse.

14° Le plus important pour toi, c’est la technique ou l’émotion chez une danseuse ? I.D

Y.Z
Une excellente technique est indispensable, c’est pourquoi je continue à m’entraîner et à me former. J’aime les belles chorégraphies, les enchaînements fluides, les mouvements précis et les accents qui tombent parfaitement sur la musique. Mais pour moi, la chose la plus importante quand je danse, c’est l’échange avec le public et l’émotion. Une bonne technicienne mais qui n’exprime rien m’ennuie très vite ; une danseuse expressive avec une technique insuffisante aussi. Pour bien danser, il faut d’abord avoir un niveau suffisamment bon pour ne plus avoir à se soucier de la technique ; alors seulement on peut danser avec son cœur et son âme.

15° Quels conseils donnerais-tu à celles qui rêvent de faire ton métier ? I.D

Y.Z
Ne jamais cesser de travailler et de se former, ne jamais se croire « arrivée » ! Et puis aussi être consciente qu’au-delà des paillettes, c’est un métier difficile, exigeant, qui ne laisse guère de place à la vie privée et qui est limité dans le temps. Il ne faut jamais baisser les bras, être conscient que le monde du spectacle et de la nuit n’est pas rempli que de bonnes intentions et d’amis sincères ; il faut aussi savoir se préserver et conserver ses valeurs pour ne pas se perdre soi-même.

16° Peux-tu parler de tes projets ? As-tu encore des rêves ? I.D

Y.Z
J’ai encore beaucoup de projets et de rêves, heureusement ! Je travaille beaucoup, mes nuits sont trop courtes, et je ne n’ai pas beaucoup de temps pour moi ; mais ma vie est passionnante, et je n’échangerais ma place pour rien au monde…

TOUTE LA LUMIERE SUR YAEL PROFESSEUR DE DANSE PROFESSIONNEL, CHOREGRAPHE ET DANSEUSE PROFESIONNELLE.

TALENT DE FRANCE, UN TALENT SUR !!


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