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K-Hot** et la danse orientale
9 juillet 2013

J'ai interviewé pour vous..... Djamila Henni-Chebra

Cette semaine j'ai la chance d'avoir pu interviewer..... (roulements de tambour....) : Djamila Henni-Chebra ! Celles qui me suivent depuis le début savent à quel point je suis admirative de son travail, et vous allez donc pouvoir découvrir un peu mieux son parcours et sa vision de la danse orientale.... 

Comment as-tu découvert la danse orientale ?
 
D'origine maghrébine, depuis mon adolescence, je savais que la danse orientale existait, mais elle était mal considérée et les danseuses aussi. Plus tard, comme de nombreuses personnes, jai découvert la danse orientale à la télé, au cours de voyages en Tunisie ... La manière dont elle était présentée ne me séduisait pas. Elle était peu pratiquée, et avait mauvaise réputation. En revanche, j'étais très attirée par la féérie, la rêverie de la danse classique, l'imaginaire et la liberté de la danse contemporaine. Très séduite par les répertoires de la danse classique, moderne et contemporaine, j'ai pris des cours dès l'âge de 20 ans. Et cela ne m'a jamais quittée. J'aime apprendre, progresser, améliorer la compréhension d'un geste, d'un mouvement. J'aime améliorer la technique, sentir une énergie. Plus tard, j'aime danser sur scène, créer, chorégraphier... En parallèle, j'aimais aller aux spectacles de danse, admirer les grands danseurs classiques ou modernes. Aujourd'hui encore j'aime découvrir les meilleurs danseurs et chorégraphes du monde. Et en France, Lyon (Maison de la Danse) ou Paris, nous avons de la chance, nous avons de belles programmations. Et j'ai compris, quelques années plus tard, que ce que j'aimais en danse, c'était la beauté du mouvement, la performance, l'émotion, la liberté, la rêverie, l'imaginaire, tout cela à la fois. Et cela je ne le trouvais pas en danse orientale, jusqu'au jour où j'ai décidé d'aller au Caire. Et j'ai bien fait, car j'y ai trouvé les mêmes plaisirs, en découvrant, tout simplement, des danseuses orientales de haut niveau, comme on peut les apprécier dans le monde de la danse moderne ou autre.
J'ai découvert bien sûr l'incontournable Fifi Abdou, Mona Saïd, et d'autres. Et je peux dire que c'est seulement à partir de ce moment, en février 1990, alors que je dansais depuis plus de 10 ans, que j''ai réellement découvert la danse orientale et que je l'ai aimée.  
 
Quelles ont été tes plus belles rencontres artistiques ? 
Fifi Abdou est une révélation pour moi et bien sûr le grand Ibrahim Akef. Ibrahim a été une rencontre déterminante. Il m'a appris l'exigence technique et artistique en danse orientale et j'ai adoré. Je la recherchais depuis des années. Une autre rencontre également en 1993, avec le célèbre écrivain Naguib Marfouz. Personne ne m'a jamais aussi bien parlé des danseuses égyptiennes que cet homme, qui les connaissait bien et qui avait une grande tendresse pour les danseuses orientales. Une autre rencontre artistique : le professeur de danse classique Wayne Byars à Paris. Il offre un enseignement de la danse classique, avec une universalité impressionnante, et une recherche indescriptible du détail, qui touche et concerne tous les danseurs, du monde entier, en quête d'une beauté infinie. Et cela concerne aussi la danse orientale. Et j'ai travaillé la danse orientale avec cette recherche infinie.
 
Depuis quand enseignes-tu la danse orientale ? 
Je répondrais "plus tôt que je ne l'aurai dû, car aujourd'hui je comprends mieux la danse orientale que je ne la comprenais hier, mais tellement moins que demain".
Dans l'histoire de la danse orientale, nous en sommes aux balbutiements. Nous sommes des autoditactes. Nous apprenons en pratiquant et les danseuses orientales expérimentées partagent très peu entre elles leurs réflexions. Et il reste tant à découvrir ! Et j'ai souvent l'impression de me sentir seule dans cette démarche. Et depuis des années, la solitude fait partie de mon chemin de danseuse orientale. 
 
As-tu des regrets ?  
J'ai beaucoup étudié la danse orientale en Egypte, avec les plus grands professionnels. J'ai pris des années de cours au Caire. J'ai vu de très nombreuses danseuses. Certaines comme Fifi Abdou et Mona Saïd, plus d'une vingtaine de fois sur scène au Caire. Dina, encore plus, Randa Kamal egalement. J'ai  travaillé sur l'étude du répertoire, sur sa transmission, et cela depuis plus de 20 ans. J'ai travaillé ma technique; j'ai travaillé la compréhension de ce répertoire,  tout en restant très ouverte et très attirée par les innovations égyptiennes, et cette modernité que je trouve très interessante. Aujourd'hui, je partage ce chemin avec très peu de danseuses. Toutes veulent à mon sens aller trop vite. Et j'ai le sentiment que même si le niveau a considérablement évolué en France, la réflexion sur une danse orientale de haut niveau, présente sur des scènes nationales ou internationales interessent peu de danseuses. A mon sens, la danse orientale évolue dans un univers fermé : entre danseuses orientales et pour les danseuses orientales.
 
Aujourd'hui, j'ai moins d'élèves. Mes revenus ont baissés. J'ai 55 ans. Non, je n'ai pas de regret. Mon objectif n'est pas atteint : présenter à nouveau un spectacle sur une scène nationale en France ou en Europe, aux côtés d'une grande compagnie de danse classique ou contemporaine, comme cela fût le cas avec ma compagnie dans les années 1990.
 
Quels sont tes projets ?
 
Une nouvelle création en préparation, avec encore plus d'exigence sur tous les plans : technique, artistique, scénographique, chorégraphique, lumière, décor, costumes... Donc, même avec mes pieds en convalescence, ma tête travaille et les danseuses de ma nouvelle création seront mes "nouveaux" pieds.
Merci beaucoup Djamila pour ta participation et pour ta réflexion sur le milieu de la danse actuel !
 
Pour illustrer cet interview, quoi de mieux qu'une vidéo ?

 Pour d'autres vidéos de Djamila : ici ou !

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